"I 'll be your hero!" [PV Yamaguchi]

« Bon allez à plus tard Yuji ! Passe le bonjour à ta famille de ma part ! »

Le blond se mit à sourire comme un idiot et approuva à travers un hochement de tête. Les mains dans les poches, les deux adolescents se quittèrent aux abords d’une station de métro afin de rentrer chez eux.

Terushima venait de passer une très bonne soirée. Encore une fois, le jeune homme avait raconté que des conneries et rit à tue-tête tel un véritable idiot. Mais bon c’était son caractère, sa personnalité. Il était encore un peu enfantin dans sa tête et peinait à grandir.
Prenant le métro, le sportif se mit à penser un peu notamment à leur prochain match. Pour lui le volley n’était qu’un jeu, il n’arrivait pas à profiter du volleyball en tant que sport. Ou plutôt il ne voulait pas. Après tout dans tout sport on disait souvent d’éviter d’être trop sérieux et de s’amuser. En tout cas c’était ce que lui avait confié son entraîneur au collège. Toujours la tête dans les nuages il sortit de la station.
Volontairement, il était descendu plus tôt afin de prendre un peu l’air lui donnant un peu plus d’une demi-heure de marche jusque chez lui. Terushima n’avait pas peur de se faire engueuler par sa mère étant donné que celle-ci travaillait, car pour elle l’heure c’est l’heure. Si l’adolescent se retrouvait à avoir deux petites minutes de retard c’était la guillotine assurée. Et ça tous les membres de la famille en pâtissaient, malheureusement.

« Vous ne pouvez pas faire attention ! »

Le blond se retourna vers un homme qu’il venait de bousculer et sortit brutalement de ses pensées. Il rêvait peut être un peu de trop à ne pas faire attention où il marchait.

-Je suis vraiment désolé Monsieur !

En plus de ces termes, le volleyeur se courba légèrement pour appuyer ses excuses. L’inconnu grogna et partit sans rien dire de plus. Le jeune homme soupira et reprit sa route avec l’esprit, cette fois, un peu plus sur Terre.
Tandis qu’il passait devant une énième ruelle, Yuji entendit une grosse voix. Il ne mit pas longtemps à comprendre ce qu’il se passait lorsque l’un des inconnus se mit à parler. Ce genre d’agressions n’était pas rare mais pas fréquente non plus. De plus il n’était pas si tard que ça. Curieux, il écouta d’une oreille discrète toute la conversation.

« Tu vas nous filer ton fric oui ou merde ?! »
« Chut Kotaro ! Tu parles trop fort on va se faire repérer ! »
« J’en ai rien à foutre ! Alors le gringalet ? Files nous tout ce que t’a et après on te laisse repartir dans les jupes de ta mère ! »

Un racket. Yuji hésita un instant. Et si ces types étaient largement plus costauds que lui ? Il devait se l’avouer, il avait un peu peur. Ce n’était pas dans ses habitudes de se battre même s’il avait des muscles et qu’il serait capable de faire mal.

-Est-ce que j’ai vraiment le choix …

Serrant les poings, l’aîné des Terushima se lança en courant jusqu’au fond de la ruelle qui était une impasse.

- Lâchez-le ! Vous n’avez pas honte de vous en pr-

Le blond se stoppa net dans sa phrase en voyant celui qui était entre les mains des agresseurs. Il le connaissait.

-De Karasuno … Tu es de Karasuno non ?! Yamaguchi-kun ?

or not

C'est à première vue un soir ordinaire pour le brun, qui rentre chez lui après avoir passé du temps à s'entraîner au service avec Yamada-san. Il marche donc en direction de chez lui, seul, fredonnant un air à la mode. Il est un peu plus tard que d'habitude, mais Yamaguchi ne s'inquiète pas réellement, il ne fait pas encore tout à fait nuit. Et puis, il n'a pas beaucoup de trajet à parcourir, et en principe le quartier est sûr, aucune raison de stresser. En principe.

À peine le garçon a-t-il eu le temps de se perdre dans ses pensées concernant le volley, l'équipe, les matches, les compétitions, et autres joies que ce sport peut amener dans sa vie, le voilà interpelé au détour d'une ruelle. Mécaniquement, sans réfléchir une seule seconde — la fatigue sûrement —, il s'approche, découvrant trois individus assez grands, probablement de son âge, au fond de la ruelle. Qu'est-ce qu'ils peuvent bien vouloir ? Du feu, sûrement ? Mais alors pourquoi ils l'encerclent comme ça ? Qu'est-ce qui leur prend ? Qu'est-ce qui se passe dans leur tête ? Tout ça n'est pas vraiment rassurant…

« Salut l'ami, t'aurais pas de quoi nous dépanner pour ce soir ? », commence l'un des types, menaçant.
« On te fera pas de mal si tu nous aides un peu, promis ! », poursuit un autre.

Et c'est là que le cerveau de Yamaguchi se remet en marche. Une impasse étroite, la nuit qui tombe, des inconnus pas rassurants qui l'abordent et lui demandent de l'aide. En lui faisant bien comprendre qu'il n'a pas vraiment le choix.
Le voilà qui blêmit d'un coup, incapable de parler. Et qui s'attire trois regards agacés, par la même occasion.

« Me dis pas que tu vois pas de quoi on parle, nabot ? T'as bien deux ou trois billets à nous prêter, non ? »
« Enfin je dirais même à nous donner, pas que ça te dérangerait, de toute façon. »

Eh…? EH ? C'est qu'ils commencent à s'énerver devant le manque de réaction du plus petit, non ? Merde, merde, merde merde merde ! Comment est-ce qu'il est censé se sortir d'une situation comme ça, Yamaguchi ? Répondre, peut-être ?

« Euh je— Je suis— P-Pardon, mais là euh j'ai pas de… Enfin j'ai rien sur moi, là… », qu'il tente d'une voix faible, le brun, totalement paniqué. Il fixe ses pieds, triture son gilet, tremble.

Et il semblerait que cette réponse ne plaise pas exactement aux autres, l'un rétorquant immédiatement :

« Tu vas nous filer ton fric oui ou merde ?! »

Voilà que Yamaguchi sursaute, et commence à paniquer pour de bon, n'arrivant plus du tout à contrôler sa peur. Il tremble comme une feuille morte, balbutie des excuses toutes plus incompréhensibles que les autres, regarde partout à la recherche d'aide, désespéré. Cette situation, il la connaît. Peut-être un peu trop bien. La peur le paralyse, court-circuite ses pensées. Son coeur menace de lâcher un peu plus chaque seconde, et il semble que fuir n'est pas une option pour le moment. Putain.

« Alors le gringalet ? Files nous tout ce que t’a et après on te laisse repartir dans les jupes de ta mère ! »

Un nouveau sursaut le ramène à la réalité.

« Ah je— Oui je euh— N-Non, désolé— », qu'il peine à articuler, terrorisé.
« Lâchez-le ! Vous n’avez pas honte de vous en pr- » Troisième sursaut. C'est une voix nouvelle qui se mêle aux autres, mais familière. Mais pourquoi il s'interrompt, au juste…? Cette soirée, c'est décidément bien inhabituel… « De Karasuno … Tu es de Karasuno non ?! Yamaguchi-kun ? »

… Wait. C'est ça ? C'est juste pour ça que son justicier s'est interrompu ? Mais. Mais. Il est censé faire quoi, là, Yamaguchi ? Rire ou pleurer ? La deuxième option marcherait peut-être mieux, s'il arrive à provoquer la pitié de ses agresseurs. Peut-être bien, oui. Mais le brun n'a pas le temps de réfléchir et répond plutôt :

« O-Oui ? Enfin euh oui mais— Au secours !! »

Cette exclamation ne semble pas trop plaire aux trois autres, et le «chef» de la bande saisit alors Yamaguchi par le col en pestant, lui arrachant un petit cri de terreur au passage, visiblement furieux :

« Fais pas le con avec moi, putain ! »

Woopsie, c'est vraiment la merde maintenant. Yamaguchi se retrouve à gigoter un peu dans tous les sens, ayant perdu tous ses moyens. Il se dit que son salut est perdu, que se sortir de là sera difficile. Alors il lance un regard plein de détresse à la quatrième personne, qu'il ne reconnaît pas dans cette situation — la peur, certainement. Un regard qui hurle « faites quelque chose, n'importe quoi, mais aidez-moi ! »

L’adolescent n’avait même pas pensé à appeler les flics tellement il ne parvenait pas à gérer son stress. Maintenant il ne pensait qu’à une chose : sauver la pauvre victime qui était en train de se faire agresser par une bande de voyous. D’ailleurs, lorsqu’il questionna le jeune homme il ne fut pas réellement surpris de sa réponse. C’était bien Yamaguchi Tadashi, un membre de l’équipe de volleyball du lycée Karasuno.
Cependant son appel à l’aide le fit redescendre sur terre et le jeune homme grogna à la vue de la victime qui se faisait prendre par le col. Bon il n’avait plus vraiment le choix il devait intervenir et ce, peu importe dans quel état il reviendrait chez lui. Sa mère allait certainement le tuer mais ce n’était pas grave, il avait l’habitude de toute manière que ce soit pour les vêtements déchirés ou bien les conneries.

-Lâches le putain il ne t’a rien fait !

Yûji se rua vers le voyou, qui était légèrement plus grand que lui, et tenta de lui assigner un magnifique coup de poing. Cependant, l’adolescent le rata de peu et pesta. Les autres membres rirent à cœur joie devant cette humiliation mais le blond ne voulait pas en rester là. Il devait le sauver.

« Alors on ne sait pas viser ? Pff … et tu croyais que ton poing allait me faire quelque chose gamin ? »

L’agresseur de Yamaguchi jeta ce dernier par terre violemment et se tourna vers celui qui venait de l’attaquer, prêt à en découdre.

« T’as peut être un peu de fric toi ? Allez passes le et on ne te fera rien. »

Il affichait un grand sourire qui ne présageait rien de bon et le plus jeune recula, des gouttes de sueur perlant sur son front. Il serra les poings ainsi que ses dents et se fraya aussitôt un passage entre le mur et cet homme.

« Hey ! Tu vas où enfoiré ?! »

Il n’était pas dupe, les deux autres allaient sûrement attaquer Yamaguchi et il avait raison. D’ailleurs il eut à peine le temps d’arriver devant le pauvre adolescent que ceux-ci se ruèrent sur lui. Sans réfléchir, Yûji fit une balayette au premier et donna un coup de coude dans le ventre du second. Tous deux étaient à terre à présent, laissant le blond gagnant de cet échange.

-Vite il faut se casser !

Il tendit sa main vers le joueur de Karasuno pour que celui-ci la saisisse. Si les deux volleyeurs ne partaient pas maintenant, ils allaient subir un traitement très lourd de la part de ces idiots. Le blond en était certain après avoir aperçu d’un coup d’œil deux battes couchées au fond de la ruelle. Malheureusement pour eux, un des deux hommes se releva et se saisit de l’aîné des Terushima par la taille.

« Bouges plus héhé ! »

Merde. Merde. MERDE.

or not

C'est lorsqu'il entend le blond crier aux autres de le lâcher que Yamaguchi retrouve espoir. Et ça fait du bien. Il continue de gigoter sous l'emprise du chef de la bande, tant bien que mal, pour essayer d'«aider» son sauveur si jamais il tente quelques chose, ou au moins de gêner l'agresseur. Il est toujours terrorisé le brun, mais il n'a pas vraiment d'autre choix que d'agir malgré la peur. Ça vaudra toujours mieux que de se laisser faire… Et puis, il faut dire que maintenant qu'il a de l'aide, il est quand même bien rassuré. Espérons simplement que les choses se passent «bien», qu'ils arrivent à s'en sortir.

Avant qu'il ne comprenne pourquoi ou comment, l'adolescent se retrouve projeté au sol, et ce, énergiquement. La surprise, autant que la peur et la chute -plutôt violente- lui coupent quelques instants le souffle — et c'est extrêmement désagréable. Le garçon suffoque, c'est comme s'il était compressé, écrasé, et il peine à retrouver le souffle. Ne prêtant plus attention à ce qui se passe autour, Yamaguchi tousse, manque de s'étouffer mais parvient finalement à retrouver son souffle. Tout cela ne dure que l'espace de quelques secondes, mais cela suffit pour que deux de ses agresseurs se retrouvent à terre, le troisième un peu plus loin, désorienté mais toujours debout.

Son espoir ne fait alors que grandir en voyant que la situation s'est «arrangée», et il remarque la main que lui tend le blond pour l'aider à se relever — main accompagnée d'un conseil fort sage : fuir. Il amorce donc aussitôt un mouvement pour la saisir et se relever— Mais n'attrape que le vide. Il comprend très vite ce qui se passe : l'un de leurs adversaires s'est relevé et a immobilisé le blond. Le sang de Yamaguchi se glace à cette réalisation, la peur reprenant immédiatement le dessus sur tout le reste.

Il faut aider l'autre, l'aider, après tout c'est lui qui a accepté de venir aider Yamaguchi et de se mettre en danger pour ça, alors il faut l'aider, il faut l'aider— Mais le brun ne sait pas du tout comment faire, et le voilà qui panique à nouveau. Cela laisse le temps à l'autre de se relever et d'essayer d'aller choper Yamaguchi en fonçant sur lui. Sans réfléchir, le brun l'esquive avec une sorte de petite roulade, le faisant arriver droit sur un mur — ça doit faire mal. Et en effet, il s'écroule avec un grognement très sonore. En voilà un qui est de nouveau immobilisé, temporairement du moins. Il en reste deux. Deux, c'est beaucoup. Surtout pour un Yamaguchi effrayé au plus haut point et qui ne sait absolument pas quoi faire.

Il regarde un peu partout, plus vraiment rassuré, cherchant une combine pour se sortir de cette situation très fâcheuse.

« Qu'est-ce que vous avez fait à Atsushi, les nabots ?! », beugle alors le chef du trio, visiblement énervé. Et surtout, surtout, il est à présent muni d'une batte. Ouch.
« Euuuh— R-R-Rien, p-promis— », glapit le petit brun en le voyant s'approcher d'un air menaçant.

La seule option est bien de fuir. Peut-être qu'il pourrait faire diversion avec le chef en attendant que le blond en ait fini avec l'autre ? À supposer qu'il s'en sorte. Et merde. Ils sont vraiment, vraiment dans de beaux draps, là. Et Yamaguchi ne sait plus quoi faire. Une fois de plus, la peur le paralyse — serait-ce la fin ?

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